© Yves Jeanmougin,
atelier, Friche la Belle de Mai, 2012.
Quand la
pertinence du regard…
Si j’osais, je t’écrirais quelque chose de très différent.
Par exemple, sur la difficulté de comprendre un travail
artistique quand la référence réaliste se double de vécus
revendiqués. Dans tes photos, il ne m’importe pas plus que
tu sois né à Casablanca ou dans un cirque, que tu aies vécu
au Maroc ou en prison, que tu aies travaillé à Naples ou
dans un bidonville marseillais. Il y a par contre deux
constantes, selon moi en tout cas.
C’est d’abord l’immense confiance que tu as dans
l’humanité, au-delà de tous ses péchés et même avec eux, à
travers tes complices, ses représentants dont tu veux
parler.
Et puis, c’est la résolution. Comment cette amitié pour les
hommes et les femmes de la Terre, le respect de leurs
peines et de leurs œuvres, de leurs joies et de leur
travail, comment tout cela peut-il faire forme qui soit
souvenir et hommage, respect et regard transporté.
Et c’est je crois dans cette maîtrise formelle que réside,
selon moi, la marque de l’artiste : quand se mêlent le
savoir-faire et le respect de l’Art – la construction de
tes photos est profondément étonnante de maîtrise et de
savoir, de culture –, et la chance, ou le talent, ou tout
cela.
Quand la pertinence de ton regard tombe juste avec le
hasard de la rencontre.
Philippe
Foulquié
Fondateur de la Friche la Belle de Mai et du Théâtre
Massalia
[1987-2011]