Visuel de l’exposition VIVA 1972-1982

Viva, agence à la réputation tapageuse, apparaît aujourd’hui comme un collectif mythique, entouré d’une certaine aura, dont l’évocation ranime les débats, toujours actuels, sur le rôle de la photographie dans la société et sur le statut de l’auteur dans l’information. Photographes, journalistes, éditeurs, directeurs artistiques gardent un souvenir plus ou moins vif et passionné de cette agence, née trop tôt (1972) pour les uns, disparue trop vite (1982) pour les autres. Depuis les « Années Viva », l’histoire de la photographie a largement défriché les rapports entre l’image, ses modes de reproduction et de diffusion, et en France la question du photojournalisme a fait l’objet de nombreux colloques, expositions, publications et travaux universitaires.

Photographe de reportage depuis 1973, Yves Jeanmougin rejoint dès ses débuts le Groupe Viva aux côtés des membres fondateurs : Martine Franck, Claude Dityvon, Hervé Gloaguen, François Hers, Guy Le Querrec… Durant ces années, il développe de nombreux sujets : Armée française, Allemagne (RDA et RFA), Sans-abri, Djibouti, Familles du quart monde, Jeunesse dans le Nord, Semaine sainte en Sicile, Fêtes populaires et Indiens Montagnais au Québec, Enfants au travail et Fêtes populaires à Naples, Pigalle…

« C’est précisément à travers le parcours personnel de quelques photographes, dont Yves Jeanmougin fait certainement partie, que l’héritage de l’agence Viva peut sans doute encore être décelé. Quand il décide de poursuivre sa route de manière indépendante, il le fera en marge des grands courants médiatiques et en préservant les exigences éthiques qui animaient Viva lors de sa création. En nouant diverses collaborations, avec des sociologues, des écrivains, des metteurs en scène, des réalisateurs, et d’autres photographes parfois, il est de ceux qui ont mis en œuvre une photographie émancipée du “news” et du “people”, et qui demeure indispensable à notre compréhension du monde. »

Annie-Laure Wanaverbecq
in
Les Années VIVA
1972-1982 : une agence de photographes
Jeu de Paume / Marval / Paris / 2007

« À l’instar de Saftra en Suède et du Groupe d’action photographique au Québec, les photographes de Viva privilégient les reportages de fond sur la vie quotidienne, qui témoignent d’un engagement social, moral ou politique de leur part. Conscients du caractère ambigu des photographies, ils affirment la subjectivité du regard qu’ils portent sur des sujets généralement laissés de côté ou des événements trop rapidement traités par d’autres. Pour eux, “la photographie n’est pas seulement la mise en image d’un texte. Le reportage est autonome. Il pourra être complément d’information, mais devra toujours être une information. En aucun cas il ne pourra rester la seule illustration d’un article.” »

Aurore Deligny
in
Les Années VIVA
1972-1982 : une agence de photographes
Jeu de Paume / Marval / Paris / 2007


À lire : Le photo-journalisme selon le groupe « Viva » par Jean Dieuzaide.


Couverture du catalogue Les Années VIVA / 1972-1982 : une agence photographique, coédition du Jeu de Paume et des éditions Marval

Collectif
Les Années VIVA
1972-1982
: une agence de photographes
Marval / Jeu de Paume
2007

Agence fondée dans un état d’esprit communautaire par huit photographes
appartenant à la génération de Mai 68, VIVA, comme Magnum son aînée,
s’inspire de la formule de la coopérative. Groupement d’auteurs-artistes
plus qu’agence de presse, de 1972 à 1982, VIVA se distingue
par une production d’images qui, entre actualité immédiate et illustration,
reportage de fond et attitude purement créative, témoigne d’un certain recul
par rapport aux événements. VIVA fournit des sujets autonomes et construits
revendiquant un engagement social, moral ou politique
à travers une démarche esthétique individuelle.

Principaux membres de VIVA
Martine Franck, Claude Dityvon, Hervé Gloaguen, François Hers,
Richard Kalvar, Guy Le Querrec, Jean Lattes, Alain Dagbert,
Michel Delluc, Jacques Minassian, Esaias Baitel, Yves Jeanmougin.